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Le Père René Laurentin, l’historien des Apparitions de Lourdes, reçu en mairie

vendredi 12 février 2016 par Rédaction

Mercredi 10 février, une réception a eu lieu en mairie de Lourdes, pour honorer le Père René Laurentin, théologien réputé, grand historien de Lourdes, auteur de 7 tomes pour les Documents authentiques des Apparitions, 6 tomes pour Lourdes, histoire authentique des Apparitions.

Le première magistrate Josette Bourdeu, entouré d’élus municipaux, de représentants des Sanctuaires, de la paroisse, d’une membre de la famille Soubirous, et d’amis du Père Laurentin, a prononcé, à cette occasion, l’allocution suivante :

Le discours de Josette Bourdeu, maire de Lourdes

Monseigneur,

Je me sens bien impuissante à vous dire la reconnaissance que les Lourdais vous adressent par mon intermédiaire au moment de rendre hommage à une œuvre débutée voici 50 ans. Un monument dédié au message de Lourdes. Vous en avez été l’infatigable théologien, en posant les bases de cette nouvelle Mariologie dont vous êtes l’initiateur contemporain le plus illustre.

Établissant la vérité de Lourdes avec une conscience et une rigueur d’historien, j’ajouterai même avec une opiniâtreté de journaliste, vous avez édifié en l’espace de 8 années un monument imposant, une cathédrale de papier de 13 volumes aujourd’hui indissociables de l’histoire de notre cité : 7 tomes pour les Documents authentiques des Apparitions, 6 tomes pour Lourdes, histoire authentique des Apparitions.

Balayant les controverses, forçant les résistances et désarmant vos contempteurs, vous avez restitué Bernadette telle qu’elle fut : simple, pauvre, sans prétention mystique et pourtant chargée de délivrer au monde un message qui sans doute, dans l’instant, la dépassait un peu. Une antienne aux résonances universelles qui fut livrée dans le plus misérable des lieux à une enfant pauvre et malade mais ne manquant pas de bon sens.

Ces ouvrages et ceux qui les suivirent ont, de façon très profonde, fait évoluer la perception de Lourdes, plaçant définitivement notre ville dans son rôle d’accueil aux pauvres, aux petits et aux malades. Ils y reçoivent ici les soins et attentions rendus par d’autres qui déposent pour un temps leurs richesses ou leurs grandeurs et s’en font les humbles serviteurs. C’est aussi cela le miracle de Lourdes : une forme de brassage social avant la lettre.

Votre modestie et votre discrétion naturelle souffriront quelque peu de l’énoncé des titres et mérites que votre excellence s’est vue reconnaitre ou décerner. Je n’en citerai que quelques-uns : officier de la légion d’honneur, Croix de guerre avec 2 citations, Docteur ès lettres de la Sorbonne ou encore Docteur en théologie de l’Institut Catholique de Paris. Enseignant, historien, prêtre et théologien, vous avez été à ce titre expert au concile Vatican II.

Je n’ai pas osé me livrer au dénombrement de votre bibliographie tant elle me paraît impressionnante, fruit du labeur d’une vie toute entière. Mais j’y note toutefois la place significative occupée par le fait de Lourdes et par notre petite Bernadette. Une connaissance qui a, je cite Mgr Théas, une autre figure emblématique de notre ville, renouvelé le sens de lourdes et sa dimension spirituelle.

Vous avez contribué à hisser ce qui n’était somme toute qu’une histoire merveilleuse au statut d’un dogme universel fondé sur le partage, l’entraide, la solidarité, en un mot sur l’attention aux autres. Ce sont des valeurs essentielles portées avec fierté et sans compromission par Lourdes et les Lourdais.

Pour votre part, vous avez délivré ce message dans le monde entier. Vous vous êtes fait l’émissaire de notre petite sainte et de son petit pays bigourdan, de sorte que le simple nom de Lourdes est aujourd’hui universellement connu et synonyme de Paix et d’espérance.

Cet héritage est immense et nous nous devons d’en assurer la pérennité. J’en relève le défi. Sachons faire entrer ce Lourdes que nous aimons et qui nous inspire dans ce si compliqué 21ème siècle. Il est de notre devoir d’y accomplir sans attendre les nécessaires progrès du temps tout en ne trahissant pas les repères fondamentaux qui, grâce aussi à votre travail sur sa mémoire, ont forgé l’identité de notre cité mariale. Aujourd’hui, la municipalité, le Sanctuaire, l’ensemble des professionnels et des habitants de Lourdes souhaitent plus que jamais unir leurs efforts pour bâtir la ville de demain, une ville cohérente avec elle-même mais aussi attentive aux évolutions du monde. Cela, j’en suis intimement persuadé, on vous le doit aussi beaucoup. Il n’y a pas d’avenir possible sans la conscience de son histoire.

C’est donc un honneur, Monseigneur, que de vous recevoir aujourd’hui en ce lieu. L’occasion de vous dire combien nous vous sommes débiteurs du travail accompli, et combien nous touche toujours autant votre engagement au service de Lourdes. Un engagement qui demeure inlassable en dépit des années et que je ne puis expliquer autrement que par la force profonde de votre mission de vivant témoin de Bernadette.

Pour tout cela, très sincèrement merci Monseigneur.

Jeanne Montaigu, ami de longue date de l’abbé Laurentin, devait lire la lettre de remerciements du Pape Paul VI adressée le 10 décembre 1966 à l’auteur par le Secrétaire d’Etat Mgr dell Aqua, avec une préface de Mgr Théas, alors évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes.

REMERCIEMENTS DE SA SAINTETÉ PAUL VI

à l’abbé René Laurentin

DAL VATICANO 10 Décembre 1966

Monsieur le Professeur,

Au terme de douze années de travail qui vous ont permis de mener à bien l’édition en sept volumes des Documents authentiques de Lourdes, et d’établir en six autres volumes L’Histoire des apparitions, vous avez eu l’heureuse idée de présenter en un seul ouvrage intitulé Les apparitions de Lourdes le récit authentique des apparitions de le Vierge à Bernadette, illustré de documents de l’époque. Et vous avez eu la filiale pensée d’offrir en hommage à Sa Sainteté numéro 1 de ce beau livre.

Le Saint-Père a été très sensible à Votre geste et aux expressions délicates, dont vous l’avez accompagné. Il vous en exprime sa vive gratitude et souhaite que la diffusion de ce livre destiné à un large public aide de nombreux chrétiens à mieux connaître l’histoire de Lourdes pour mieux en vivre le message toujours actuel de pauvreté, de prière et de pénitence. La Vierge Marie ne manquera certes pas de récompenser le prêtre qui s’est si généreusement mis à son service et tous ceux qui ont été ses collaborateurs tout au long de ce travail monumental.

De grand cœur le Souverain Pontife appelle sur eux tous et sur vous-même l’abondance des divines grâces, en gage desquelles il vous accorde sa paternelle Bénédiction Apostolique.

Veuillez agréer, Monsieur le Professeur, l’assurance de mon respectueux dévouement en N.S. et N.D.

Préface de Son Excellence Mgr Théas,
Evêque de Tarbes et Lourdes

Cher Monsieur le Professeur,

J’ai le souvenir de vous avoir dit ou écrit que vous seriez le Théologien de Lourdes. Après la lecture de votre ouvrage, je constate que vous réalisez ma prédiction au-delà de mes espérances.

Lorsque je vous ai demandé en 1954 d’étudier le fait de Lourdes, je n’entrevoyais pas les proportions de l’oeuvre où cette demande allait vous engager.

Vous avez mené une chasse aux documents sans précédent. Vous avez

pénétré le premier la totalité des archives en dépit des antagonismes qui avaient empêché vos prédécesseurs de le faire. Vous avez ramené au jour bien des documents inconnus et insoupçonnés.

Vous avez réalisé ensuite l’édition monumentale des, 6 volumes de Documents authentiques, que votre collaborateur, Dom Bernard Billet, a personnellement prolongée d’un 7e volume.

Sur la base de tous les documents, vous avez établi, au jour le jour, et souvent, minute par minute, ce qui s’est passé au cours des 18 apparitions de Lourdes.

Ce travail fut pour vous un long tunnel. Pendant cinq ans, vous vous êtes demandé si cette reconstitution était possible, étant donné les confusions qui, dès l’origine, avaient fait passer, d’une apparition à une autre, bien des faits qui se trouvaient inextricablement emmêlés. Sans doute l’histoire de Lourdes était-elle établie en substance, dans ses grandes lignes, mais je mesure combien la précision et l’exactitude chronologique à laquelle vous êtes parvenu enrichissent notre connaissance des apparitions.

Je rends hommage à la rigueur de votre travail que j’ai apprécié pas à pas et dont vous m’avez soumis avec confiance les étapes les plus délicates. Votre plus grand mérite a été de surmonter avec objectivité comme avec sérénité, les pénibles controverses qui avaient opposé historiens de Lourdes et, dans une large mesure, leurs héritiers. Si vous avez su vous élever au-dessus des passions et des pressions, c’est à force d’exigence et de méthode. Je n’oublie pas non plus que votre rigueur a désarmé, dès 1958, des ennemis de Lourdes qui se préparaient à exploiter certains silences de l’histoire. Nous ignorions alors ce qui se préparait ainsi dans l’ombre, et je ne croyais pas si bien dire en vous répondant lorsque vous me soumettiez les problèmes que posait l’édition complète des documents : « Lourdes n’a besoin que de vérité. »

Le plus étonnant, c’est que ces expertises, ces analyses minutieuses, cet établissement de la « généalogie des documents », cette analyse spectrale des témoignages que vous avez poussée aux limites du possible, ont abouti à un récit concret, simple, limpide, comme Bernadette elle-même.

Malheureusement, ce récit, imprimé en grosses lettres dans votre œuvre monumentale, n’était pas accessible au grand public. La masse des 6 volumes où il était inclus, le soubassement impressionnant des notes, les longues expertises, les synopses et les tableaux chiffrés qui interrompaient le fil des événements arrêtaient la plupart des pèlerins de Lourdes. Une édition à part s’imposait. Elle vous était demandée de toutes parts. Je suis heureux de la présenter aujourd’hui aux pèlerins et aux amis de Lourdes.

Votre ouvrage « Lourdes, récit authentique des Apparitions » est le plus concret édité jusqu’à ce jour. Le lecteur non prévenu pourrait être tenté de se demander comment vous savez tout cela, et craindre qu’il ne s’agisse d’un récit romancé, et pourtant, il n’a qu’à se reporter à Histoire authentique. Il y trouvera chaque fait, chaque phrase, et toutes les fois que cela était nécessaire, chaque mot, justifié par des documents exactement cités et critiqués.

Ce récit dépouillé de tout grossissement, de toute exagération rejoint l’exigence du lecteur d’aujourd’hui, au plan spirituel comme au plan historique.. Bernadette s’y révèle admirable, non dans les triomphes quotidiens et spectaculaires, mais dans son humilité, dans sa pauvreté même. On est émerveillé de la voir tenir au jour le jour sa ligne de rigueur et de fidélité, au milieu des difficultés apparemment insurmontables, et en grande partie ignorées, qui se renouvelèrent chaque jour.

Votre récit, enfin, manifeste en transparence et sans commentaires (vous l’avez voulu ainsi), le message de l’Immaculée : pauvreté, prière, pénitence : ce message que dégage en profondeur votre conclusion. Je ne saurais trop recommander cette lecture à tous ceux qui veulent connaître et vivre Lourdes.

Vous êtes devenu un des plus grands bienfaiteurs de Lourdes. Gardien de la Grotte et du sanctuaire, je me sens impuissant à vous dire la reconnaissance et les félicitations qui vous sont dues.

Il m’est du moins agréable, cher monsieur le Professeur, de vous exprimer avec une sincérité joyeuse et totale, l’assurance de mes sentiments respectueux et admiratifs,

+ Pierre-Marie Théas

Evêque de Tarbes et Lourdes

Rome, le 21 novembre 1965

En guise de remerciements pour tout ce qu’il a fait pour Lourdes, Josette Bourdeu remettait au Père Laurentin la médaille d’honneur de la cité lourdaise.