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Plan de Prévention des Risques Sismiques de Lourdes : le financement des travaux à effectuer dans 5 ans suscite des inquiétudes

mardi 14 novembre 2017 par Rédaction

Avant d’entamer l’ordre du jour du dernier conseil municipal (vendredi 10 novembre 2017), les édiles lourdais ont écouté Jean-Luc Sagnard, Directeur départemental des Territoires et son chef de service Pascal Haurine évoquer le Plan de Prévention des Risques Sismiques (PPRS) qui va s’appliquer dans quelques années (minimum 5 ans) à la ville de Lourdes.

Le PPRS relève de l’Etat. Dans le cas de Lourdes, c’est un plan qui a été inscrit en 2007. Cela fait donc 10 ans. Les travaux ont été menés. Ils ont été ralentis après les crues 2013, les services ayant été mobilisés sur d’autres sujets. Les travaux ont été repris à partir de 2015 en lien avec le ministère de l’Ecologie et le BRGM. Les premiers informés sont les municipalités et les communes.

L’avancée du dossier PPRS

Aujourd’hui, le phénomène sismique est assez bien connu, mais il reste toujours impossible de prévoir où, quand et avec quelle intensité un séisme surviendra. Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de donner l’alerte assez tôt avant l’arrivée des ondes destructrices du séisme, en vue notamment de faire évacuer les bâtiments.

Les pertes humaines lors des séismes sont essentiellement dues à l’effondrement des constructions sur les populations et, dans certains cas, aux conséquences de l’endommagement d’autres types d’ouvrages (incendies dus à la rupture de réseaux de gaz, inondations résultant d’ouvrages hydrauliques ou hydroélectriques, etc.).

L’action sur le bâti demeure l’axe principal de la politique de prévention en matière de séisme : il s’agit d’appliquer les règles parasismiques dans la construction des bâtiments neufs et dans le renforcement des bâtiments existants. Il est possible de construire un bâtiment de manière à ce qu’il ne s’effondre pas en cas de séisme. La construction parasismique reste le moyen de prévention le plus efficace de se protéger contre les séismes.

De quoi est constitué ce plan séisme ?

Réponse de Pascal Haurine : "Par des actions d’information qui sont indispensables. L’information est un des piliers de la prévention. Sur Lourdes, vous avez la maison de la sismicité, lieu d’information unique et très important. Le 2ème pilier est la réglementation de la construction. Toutes les constructions neuves aujourd’hui doivent être conçues de façon parasismique. La connaissance scientifique est quelque chose qui progresse. Le 4ème pilier est l’aménagement du territoire, en l’occurrence le plan de prévention des risques sismiques. La réglementation qui s’applique sur la construction neuve impose une norme applicable en fonction de la zone où l’on construit et de la nature du bâtiment. On distingue plusieurs catégories de bâtiments : des hangars ou garages, lieux ne recevant pas du public (classe 1) qui ne sont soumis à aucune réglementation, les maisons d’habitation de classe 2 qui sont dans des zones à sismicité moyenne doivent respecter les règles parasismiques, les grands établissements recevant du public doivent obligatoirement respecter cette réglementation (classe 3), les bâtiments de classe IV sont tous ceux qui participent à la chaîne des secours (gendarmerie, établissements de santé..) et qui doivent respecter ces règles. En fonction de la norme, il y a une typologie de constructions à respecter".

Pour les bâtiments existants, il n’y a pas de réglementation. Mais il faut les renforcer.

Lourdes est un laboratoire qui va servir sur l’ensemble du massif. Une réunion publique, par secteurs professionnels, est envisageable. Cette instruction nécessitera bien sûr une enquête publique. L’approbation du document qui s’appuie sur des études est souhaitée pour 2018. Le plan de prévention des risques sismiques réglemente et planifie l’occupation des sols. Le PPRS de Lourdes n’interdira rien. Il n’y a aucune zone où la construction ne sera pas autorisée. S’agissant des principales études qui charpentent ce PPRS, la première résulte du travail du BRGM en 2005. Elle a distingué sur la commune de Lourdes différents secteurs. En 2001, un séisme avait été enregistré à la fois au château-fort et au sanctuaire. On s’est aperçu que les natures des sols étaient différentes, le séisme n’a pas été ressenti de façon identique. La 2ème étude porte sur 236 bâtiments de classe 3 (établissements recevant du public, bâtiments scolaires, immeubles de grande hauteur) et 4 (ensemble des bâtiments de secours) de la commune de Lourdes. Un pré-diagnostic a été établi par bâtiment. Ces études ont permis de cibler les éléments de vulnérabilité et de fragilité dans un bâtiment. Cela va déboucher sur des règlements qui vont adapter la norme pour les bâtiments neufs. Et en matière de renforcement du bâti existant, ces études viendront prescrire les travaux à effectuer.

"Le projet de règlement qui vous est présenté sur le bâtiment existant s’applique sur des bâtiments qui sont antérieurs à 1991. Pour les bâtiments de classe 1 (hangars, garages) il n’y a aucune prescription ; pour la classe 2 (bâtiments d’habitation), le projet de règlement propose une liste de travaux qui portent essentiellement sur des éléments comme des cheminées, des balcons, des marquises, des éléments en surplomb qui n’affectent pas la structure du bâtiment. Là, il y a une prescription de travaux dans un délai de 5 ans".

Des aides pour le financement jugées insuffisantes

"Tout le monde est concerné (personnes physiques et morales, propriétaires exploitants, utilisateurs professionnels). Pour le financement, il sera fait appel au fonds Barnier. Les taux de financement pour les travaux c’est 40% pour les biens à usage d’habitation et 20% pour les biens à usage professionnel ".

Des élus ont affiché leurs inquiétudes sur le coût que les travaux vont engendrer. Marie-Bernadette-Xerri  : "Aujourd’hui, on est dans une zone où l’immobilier est en chute libre. Les gens ne peuvent plus payer les taxes foncières et derrière on va annoncer à nos clients que dans 5 ans, ils auront encore des travaux à faire. Déjà, ils s’en vont tous. Ça va être catastrophique. Certes, la sismicité il faut la gérer mais un accompagnement sur Lourdes avec des gens précaires, 40% c’est nettement insuffisant. Ça va être dramatique pour les gens. Je peux vous dire qu’à Lourdes des personnes âgées font les poubelles le soir, qui vivent avec de l’humidité et qui ne peuvent pas faire des travaux".

JPA : « la triple peine pour Lourdes »

Jean-Pierre Artiganave intervient à son tour : « Ce dossier est explosif pour nous. Quand on aborde des questions de responsabilité, il n’y a pas un élu qui n’est pas sensible à la notion de responsabilité. Ce que nous souhaitons c’est que l’Etat envisage les procédures avec la plus grande des modérations dans l’annonce et la diffusion de ce type de communication parce que Lourdes n’est pas une ville comme les autres. Lourdes c’est aujourd’hui 100 et quelques établissements hôteliers, c’est plusieurs millions de visiteurs. Ce que l’Etat va afficher c’est un risque absolu de sismicité sur une ville comme ça. Je vais insister particulièrement sur les mesures lourdes envisagées pour Lourdes qui, une fois de plus, sera soumise à la triple peine avec la sécurité, l’accessibilité et la sismicité ».

La maire Josette Bourdeu regrette que rien n’ait été fait depuis 2007. Ce qui fait sortir Jean-Pierre Artiganave de ses gonds : « L’Etat vient de vous montrer le contraire après une étude qui a duré aujourd’hui 10 ans, qui a été relancée après les inondations de 2013. Ne nous faites pas la même chanson comme d’habitude en disant rien n’a été fait avant. La maison des risques sismiques et un certain nombre de choses auxquels M. Haurine et l’ancien directeur ont pu participer. Alors ces propos-là, Mme Bourdeu vous vous les gardez. D’accord ! ». AUDIO

G.M.