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Les vases communicants

jeudi 27 mars 2014 par Rédaction

Chacun connaît et a pu observer sans doute le phénomène des vases communicants, qui produit un transfert de liquide entre plusieurs récipients reliés entre eux par un tuyau servant de siphon. Les niveaux respectifs s’équilibrent à la même hauteur, sauf s’il y a un robinet fermé sur le tuyau.

En tous cas, c’est une curieuse aventure qu’ont vécue les Lourdaises et les Lourdais au cours de l’année 2009, sans en avoir conscience, étant donné le niveau d’opacité et de déni dans lequel se plaisent ses responsables actuels.

Souvenons-nous. Cette année-là, pour la Commune de Lourdes, aucun événement significatif ni couteux n’est venu perturber la vie quotidienne. Si on voulait être caricatural, on dirait que Lourdes, en 2009, n’a connu ni visite du pape, ni inondation, et que ces absences ont permis un déroulement harmonieux des recettes et des dépenses, comme dans toutes les années normales.

Pourtant, un souci est venu perturber le bon déroulement de l’année budgétaire, très discret, puisque personne n’en a jamais parlé, mais très révélateur. Au cours de cette année, la commune de Lourdes a connu un épisode de disette de trésorerie qui l’a obligée à prendre quelques mesures urgentes, significatives d’un certain désarroi.

Deux types de mesures ont été prises : négociation avec les fournisseurs pour obtenir des délais de paiement, et ouverture d’un Crédit de Trésorerie à la banque, pour compenser la faiblesse des recettes : Pour permettre les dépenses du quotidien, essence des véhicules, petit matériel, salaires des employés, aliments des cantines scolaires…

Quand la fin de l’année 2009 arrive, il n’y a plus d’argent disponible dans les caisses de la ville, faute de prévisions suffisantes. La nécessité ou l’obligation, de tirer et de rembourser sur une ligne de 1.500.000 € est souscrite en urgence à la Caisse d’Epargne.

Cette curiosité comptable surprend de la part d’une ville dite riche et bien gérée. Surtout quand on entend la musique rassurante et soporifique des responsables. Cette mauvaise évaluation comptable des besoins de la ville a même suscité une certaine fébrilité, voire une panique, puisque le Crédit de Trésorerie souscrit à la banque était démesuré par rapport à la réalité de la situation. Cette fébrilité, ajoutée à l’imprévision, n’en est que plus préoccupante encore.

Ensuite, le pli est pris, et les négociations se sont produites avec les fournisseurs de la mairie qui ont dû, eux aussi, faire des efforts et des sacrifices sur les règlements de leurs factures, pendant les années qui ont suivi.

Ainsi, la société Arvima, qui produit des prospectus, a-t-elle consenti un délai de paiement de plusieurs mois pour les bulletins municipaux numéros quatre et cinq. Un acompte de 40% du montant sera difficilement réglé par la mairie en avril 2011, le solde de 60 % n’étant perçu par cette société qu’au mois de décembre 2011, soit 270 jours de délai… Les négociations se sont déroulées courtoisement mais fermement, puisque le numéro cinq n’est jamais paru, bien que payé. Une mesure de rétorsion, peut-être ?

Il serait pourtant simple à une ville aussi spécifique que la nôtre de se financer à peu de frais en faisant profiter le budget de la ville des recettes générées par le tourisme. La taxe de séjour contribue pour 887.000 € aux 22.404.000 € du total des Recettes de Fonctionnement, soit 3,9 %. 887.000 €, c’est beaucoup d’argent, mais 3,9%, c’est très peu. Il est consternant de visualiser ainsi la part réelle de la contribution des pèlerins et du tourisme à la ville de Lourdes. Loin d’être une manne ou une bénédiction pour la ville, ils contribuent très peu au financement des services, que les habitants doivent donc compenser.

A l’inverse, jamais la Commune de Lourdes, ni la Communauté de Communes du Pays de Lourdes compétente pour les ordures ménagères, n’ont pris l’initiative d’installer la Redevance Spéciale ordures ménagères, payable par les établissements de tourisme. Ce sont donc les habitants qui payent pour le surplus de collecte et de traitement occasionné par la présence des visiteurs. Les habitants, ce sont ceux de la ville de Lourdes et ceux de la Communauté de Communes, élargie depuis le 1er janvier à la Baronnie des Angles. Calculé à partir du Rapport Annuel sur l’élimination des déchets de la CCPL, ce surcoût avait été évalué à +45% pour les habitants, qui payent ainsi le surplus des dépenses générées par les déchets des touristes.

En revanche, dans un contexte tendu, il est nécessaire de planquer la poussière sous le tapis en procédant à des campagnes médiatiques divertissantes, pour leurrer les contribuables :

La Sarl Pyrénées Production a pu produire en 2012 une facture de 25.020,32 € TTC pour quatre « Emissions de 5 à 15 minutes » comprenant le tournage, le montage et la diffusion sur le site internet. Sans malice, nous relevons quand même la proximité entre la date de la facture et les élections législatives, en supposant, bien sûr, qu’elle relevait d’une prestation pour la commune et pas pour le candidat à la députation. On doit le supposer, car on n’est pas parvenu à retrouver ces quatre vidéos « événementielles », de « notoriété ». On n’a pas trop insisté non plus, puisque leur diffusion était prévue, sur facture, pour un mois seulement.

Moins de recettes fiscales en provenance du tourisme, moins de recettes fiscales pour faire face aux charges occasionnées par les visiteurs, négociations commerciales dégradées avec ses fournisseurs, problèmes urgents de trésorerie… Lourdes jongle avec les instruments financiers que des banquiers souriants mettent à sa disposition, rapidement, mais sans aucune complaisance.

Et la situation de pénurie de trésorerie doit se poursuivre, puisque la Ville ne peut même pas s’acquitter de ses dettes judiciaires, pour 1.000 € seulement.

Jean-Luc Laplagne.

Compte administratif 2010 : crédits de trésorerie (.pdf)


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27 mars 2014
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