Article
paru le mercredi 30 juillet 2003 sur sud-ouest.com
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AEROPORT. --Après le jugement de Strasbourg, la Chambre
de commerce béarnaise a-t-elle du souci à se faire ? Michel Brau, son président,
ne le croit pas
« Ryanair
ne concurrence personne dans la région »
:Yannick Delneste |
Le 24 juillet
dernier, le tribunal administratif de Strasbourg annulait deux délibérations
de la Chambre de commerce du Bas-Rhin (notre édition du 25 juillet). Ces dernières
établissaient avec la compagnie aérienne Ryanair une première convention sur
les modalités d'utilisation de l'aéroport d'une part, une seconde sur un plan
marketing au profit de la région Alsace et de Strasbourg. Le tribunal donnait
donc raison à la compagnie plaignante Brit Air, exploitant déjà une liaison
Strasbourg-Londres, et dénonçant, via ses aides, une distorsion de concurrence.
Ryanair a ouvert
une ligne Pau-Londres depuis le 30 avril dernier, et a entrepris d'obtenir
de la chambre de commerce le même type de « soutien ». Basée à l'aéroport
de Tarbes, la compagnie Air Méditerranée qui exploite, entre autres, des vols
charters vers Londres, dénonce depuis plusieurs mois la situation paloise.
Michel Brau, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Pau-Béarn,
refuse l'amalgame.
Sud-Ouest
Comment interprétez-vous
le jugement récent du tribunal de Strasbourg ?
Michel Brau :
La compagnie
Brit Air exploite une liaison entre Strasbourg et Londres depuis longtemps.
Ryanair s'installe sur la même ligne et il y alors matière à se poser des
questions. A Pau, la ligne avec Londres est une nouveauté totale. Elle ne
concurrence donc personne ici. A Tarbes, Air Méditerranée fait des vols charters
de temps en temps, pour Londres mais aussi Dublin. Ryanair assure 364 rotations
par an ! (1)
Vous avez
convenu néanmoins, comme à Strasbourg, d'un plan marketing que vous assumeriez
financièrement, mais assuré par Ryanair. Ne craignez-vous pas un même désaveu
juridique ?
Quand Air France
a développé ses lignes au départ de Pau, nous avons également aidé à faire
connaître ses vols quotidiens. Certes, avec Ryanair, nous n'avons pas le contrôle
absolu des opérations marketing. L'aéroport de Tarbes a en son temps, participé
activement à la publicité d'Air Lib, jusque chez nous, et nous n'avons jamais
rien trouvé à redire : c'est la loi du commerce. On sait ce qu'il en est advenu
: cette compagnie a laissé un « trou » en Bigorre de 207 000 euros !
L'aéroport de
Tarbes et de sa Chambre de commerce ont été très longtemps en concurrence
avec nous sur le dossier Ryanair : ils se seraient très bien accommodés de
leurs conditions si la compagnie les avait choisis ! Pour jouer les vierges
outragées, il faut être vierge.
Où en est-on
du contrat entre la CCI de Pau et Ryanair ?
Il y a un accord
de parole conclu à la fin du mois de janvier. Ryanair nous promet d'amener
50 000 passagers par an et nous nous engageons de contribuer au plan marketing
jusqu'à un plafond de de 400 000 euros si cet objectif est atteint. A ce sujet,
nous recevons de Ryanair, chaque mois, une facture. A la fin de la première
année d'exercice, nous verrons si Ryanair atteint ses prévisions, et le versement
sera ajusté en fonction. Nous avons également versé 80 000 euros pour le lancement
de la ligne.
Avez-vous
sollicité les collectivités locales pour abonder ces aides au plan marketing
?
C'est pour le
statu quo. Nous attendons de savoir comment vont évoluer les choses. En tout
cas, les membres du syndicat mixte de l'aéroport sont décidés à nous aider
: j'ai le soutien sans faille des élus locaux.
Quel bilan
tirez-vous des trois premiers mois de Ryanair à Pau ?
A titre d'exemple,
j'ai là les résultats de la semaine dernière, du 21 au 27 juillet : une moyenne
de remplissage de 83 %. 95 % le dimanche, 95 % le samedi, 92 % le mardi, etc.
Nous constatons partout les signes d'une clientèle nouvelle anglaise qui développe
l'économie locale. Le restaurant de l'aéroport a vu son chiffre d'affaires
croître de 20 %, et il a embauché deux personnes. C'est un des nombreux indices
d'une grande réussite.