Atouts et projets des Hautes-Pyrénées
Une interview de Martin Malvy,
président du conseil régional Midi-Pyrénées
A l'occasion de la traditionnelle cérémonie
des vœux à la presse régionale, Martin Malvy, président
du Conseil régional Midi-Pyrénées, a accepté
de faire en ce début d'année un tour d'horizon des atouts
et des projets concernant le département des Hautes-Pyrénées.
Plusieurs dossiers ont été évoqués : le
pôle de compétitivité "Aéronautique,
Espace, Systèmes Embarqués", le pôle universitaire
tarbais, la modernisation de l'hôtellerie lourdaise, le dynamisme
de la chaîne pyrénenne et la nouvelle version de la Traversée
Centrale des Pyrénées qui revient à la surface
de l'actualité ces derniers temps.
Martin Malvy : "Les
Hautes-Pyrénées, pour nous c’est un des gros départements
de la région. Avec une métropole qui est, après
Toulouse, l’une des villes les plus importantes de Midi-Pyrénées.
Et sur laquelle nous venons de prendre des décisions, je l’espère,
porteuses. Tarbes est une ville qui a été sinistrée,
chacun le sait, au cours des années qui viennent de passer. Les
perspectives ouvertes par le pôle de compétitivité
"Aéronautique, Espace, Systèmes Embarqués"
et la réalisation à Tarbes en raison de l’existence
de l’aéroport et des terrains situés aux alentours
d’un centre de démantèlement des avions me paraît
pouvoir jouer une carte importante pour l’avenir. Non seulement
parce que ce centre va voir le jour mais par les activités qu’il
peut lui-même induire. Ça n’est pas du ferraillage
d’avions, c’est un démantèlement écologique
avec la volonté bien affirmée, bien claire d’Airbus
de procéder à la réutilisation, c’est-à-dire
la re-certification d’un certain nombre de pièces détachées
d’avions anciens qui peuvent servir à nouveau. C’est
cette démarche qui est innovante, qui est novatrice. En Europe
et dans le monde, il y a beaucoup d’avions qui traînent
au bord de terrains, qui sont abandonnés. Et puis, il y a des
endroits où on les démantèle en ferraillage. Ça
n’est plus le cas et en plus de ça les avions de demain
ne seront pas dans les mêmes matériaux. Donc, nous nous
sommes réellement investis dans la création du Syndicat
Mixte et nous avons accepté à la demande de nos amis des
Hautes-Pyrénées de prendre la présidence du Syndicat
Mixte. Ce syndicat mixte de développement économique connaîtra
d’autres développements par la suite.
Il y a donc là un réel intérêt
sur les Hautes-Pyrénées et sur ce qu’on nomme ensuite
le pôle tarbais universitaire qui a dépassé le cap
des 5 000 étudiants. Je suis personnellement très attaché
à ce que l’enseignement supérieur se diffuse sur
l’intégralité du territoire régional. Au
sud, on a le pôle tarbais, au nord Albi, Castres, Rodez, Figeac,
le projet d’université Champollion".
Le dynamisme des Pyrénées
"Il y a aussi un certain nombre de projets
dans les communes les plus importantes des Hautes-Pyrénées
qui est un pôle touristique au-delà de l’aspect professionnel,
religieux, de pèlerinages. C’est un pôle économique
important où je souhaite aller très prochainement d’ailleurs
parce que nous avons mis en place un dispositif spécifique lourdais
de modernisation de l’hôtellerie. Lourdes est la première
place française dans le domaine de l’hôtellerie,
avec beaucoup de petits hôtels. Les financements qui existent,
notamment au plan national, sont des financements qui exigent que l’hôtel
qui veut se moderniser gravisse un échelon en matière
d’étoiles. Or, quand la topographie de l’hôtel
ne le permet pas, si on ne peut pas aménager un salon d’accueil
en bas, eh bien il n’y a pas moyen de financer la modernisation.
J'ai tenu qu’on mette en place un système spécifiquement
lourdais il y a maintenant trois ans et je vais aller voir ce qu’il
donne parce que nous avons d’autres sites sur lesquels il y a
aussi de l’hôtellerie dans cette situation-là. Si,
il y a une réussite lourdaise sur la cinquantaine de dossiers
déposés, j’envisagerai de l’étendre
notamment sur les stations de ski qui rencontrent également des
problèmes du même type. Nous allons également poursuivre
à travers ce que l’on appelle les pôles pyrénéens
les équipements des stations de ski des Pyrénées.
Les Pyrénées ont connu depuis quelques années un
envol dans le domaine de l’économie touristique d’hiver
et d’été. La neige a permis de prendre un envol
assez remarquable. Aujourd’hui, le dynamisme est davantage dans
les Pyrénées que dans les Alpes. Permettez au président
de région de dire qu’il s’en félicite".
La Traversée Centrale
des Pyrénées, nouvelle mouture
G.M.
La TCP, c’est un sujet qui avait été à un
moment donné très sensible, on parle d’une nouvelle
TCP par La Barthe de Neste. Qu’en pensez-vous ?
Martin Malvy : "Je
suis sensible à ce projet ou à cette idée. Parce
qu’économiquement, écologiquement aussi, on ne pourra
pas dans les 20 ans, 30 ans qui viennent continuer à additionner
sur les routes les poids lourds aux poids lourds. Le trafic à
travers les Pyrénées en matière de poids lourds
est deux fois ce qu’il est à travers les Alpes françaises.
Il n’y a pas de tunnels. On a des problèmes très
limités de trafic par le fer et par les tunnels aux extrémités.
Les deux extrémités de la chaîne pyrénéenne
(Atlantique et Méditerranée) sont les lieux où
il y a le plus fort développement démographique. On n’y
passera pas d’autres chemins. Ce qui nous menace, c’est
qu’un jour on nous fasse une nouvelle autoroute dans les Pyrénées,
à travers la montagne. Ce serait détestable sur le plan
de l’environnement. Donc, ceux qui ont eu l’idée
d’un tunnel de basse altitude pour relier non pas Toulouse à
Saragosse mais le nord de l’Europe au sud de l’Europe voire
au Maghreb, ont une idée qui, économiquement, est une
idée porteuse. Par ailleurs, l’Europe se construit. On
voit comment elle se construit. Aujourd’hui, l’Europe est
en train de basculer à l’est. Et si l’ouest de l’Europe
- et nous sommes ouest-européens - n’a pas demain, c’est-à-dire
dans 20, 30 ou 40 ans, un grand axe de communication, alors le basculement
continuera à se faire vers l’est. Je comprends toutes les
protestations, toutes les inquiétudes – que je partage
parce que si je dis c’est l’écologie, la sécurité
qui est à privilégier, ça veut dire qu’il
faut privilégier ceux qui, un jour, auront peut-être pas
loin de chez eux ce passage qui n’est qu’un passage de trains.
Si on avait eu ce comportement, il y a un siècle on n’aurait
pas de trains en France. Mais ce qui me rassure, c’est qu’il
s’agit d’un dossier plus lourd à porter que le tunnel
sous la Manche. Il n’y a pas que le tunnel à réaliser,
il faut qu’aux deux extrémités, il y ait des rails.
Les écartements des rails en Espagne ne sont pas les mêmes
qu‘en France. Ce n’est pas uniquement l'axe Nord-Sud qui
est concerné, il faut pouvoir éclater sur l’Italie,
en France sur la Côte atlantique, et ensuite sur le nord de l’Europe.
C’est un projet considérable. Ça ne peut donc être
qu’un projet européen. Et qui, aujourd’hu, en Europe,
a la plus grande sensibilité aux problèmes d’environnement
? C’est précisément la commission européenne,
le parlement européen toujours accusé d’ailleurs
d’en vouloir trop en protection de l’environnement. Donc,
si je projet voit le jour, s’il est techniquement réalisable,
s’il est financièrement supportable, ce ne sera pas 10,
15 km de plus de tranchées couvertes par exemple pour mettre
à l’abri les populations voisines, qui l’obèrera.
Il faut être très vigilant. C’est la raison pour
laquelle j’avais demandé une étude environnementale
sur le projet qui avait été envisagé. Les associations
locales, les élus se sont émus à l’idée
qu’il y ait une étude environnementale, j’ai suspendu
l’étude. Ça n’a pas d’intérêt.
Et puis maintenant, les deux gouvernements - français et espagnol
- ont décidé de lancer une étude nouvelle. Ils
ont annoncé qu’ils proposeraient éventuellement
un nouveau tracé. Il faut voir ce projet dans le temps, dans
ses dimensions multiples et surtout avec le fait qu’il n’y
a pas un Midi-Pyrénéen qui acceptera, moi le premier j’irai
manifester, qu’on mette à mal la montagne pyrénéenne,
nos vallées pyrénéennes qui doivent être
sauvegardées".
Recueilli par Gérard
Merriot |