Poueyferré :

Les nuisances du CSDU de Lourdes-Mourles font débat

 

Hier soir (Mardi 20 décembre 2005), une centaine de personnes s'est retrouvée à la salle des fêtes de Poueyferré pour assister à la réunion organisée par l'Association de Défense contre les nuisances du CSDU de Lourdes et le Comité de Vigilance Lourdais. Aux côtés de Christian Laguës et Christian Agius, présidents de ces deux associations, se trouvaient d'autres membres du bureau ainsi qu'Alain Caperet, premier adjoint au maire de Montaut, commune située en aval du CSDU et dont la rivière La Mouscle est polluée depuis des années par ladite décharge. Parmi l'assistance, les habitants de Poueyferré étaient les plus nombreux mais quelques voisins des communes de Peyrouse, Loubajac et Lourdes avaient fait le déplacement. Etaient aussi présents : Jean-Luc Laplagne, membre du Syndicat Mixte de Traitement des Déchets, la voix discordante de cette structure que préside Michel Azot, ainsi qu'Alain Garrot, conseiller municipal de Lourdes (GOM).

La Cliquez Photo Gérard Merriotréunion qui a duré plus de deux heures, a été riche d'enseignements. Elle a été très bien menée et les personnes, dans la salle, n'ont pas manqué de s'exprimer et d'étaler leur colère. Un film très évocateur a été projeté. Bref, l'assistance a été éclairée sur la situation actuelle du Centre de Stockage de Déchets Ultimes. Les oreilles du président Michel Azot, de l'ingénieur de la DDASS chargé de surveiller le site, du préfet ont dû siffler la nuit dernière car les différents intervenants sont sans cesse revenus sur le non respect du cahier des charges. Christian Laguës a néanmoins souligné d'entrée que les habitants et les membres de l'association voulaient que la décharge fonctionne normalement et qu'ils ne voulaient la peau de personne. Aucune finalité politique n'est à voir dans ce combat. Christian Laguës qui est également conseiller municipal de Poueyferré, a signalé l'échéancier des réalisations à venir que lui a transmis par courrier Michel Azot. Ce qui a fait dire à Alain Caperet et Christian Agius que ces points auraient dû être appliqués depuis janvier 2004, comme le stipulait le cahier des charges. Il a été fait souvent référence à la dernière réunion de la CLIS (Commission Locale d'Information et de Surveillance). Et Christian Agius s'est félicité d'avoir fait avancer les choses en trois mois.

Alain Caperet, adjoint au maire de Montaut (64), qui possède bien le sujet, est revenu sur la pollution de la Mouscle et a rappelé que les engagements récemment pris par M. Azot étaient tout simplement prévus par le cahier des charges. Il a aussi fait porter la responsabilité de la situation sur l'ingénieur de la DDASS et l'ingénieur du CDSU qui est un fonctionnaire de la mairie de Lourdes. "La rivière La Mouscle est toujours polluée, a-t-il déclaré. Il y en a marre. Il faut que le préfet soit au courant". Il a également révélé qu'au plan judiciaire, ça bougeait. La Juge d'Instruction a entendu le maire de Montaut. Le conseil supérieur de la Pêche 64 est venu faire des analyses sur le site et les prélèvements effectués ne seraient pas bons, ils prouveraient que La Mouscle est toujours polluée. "Nous, commune de Montaut, on demandera des comptes", a-t-il averti. Il a fait savoir qu'en une journée, la fermeture du bassin des eaux pluviales avait été obtenue alors que cela était réclamé depuis très longtemps. "C'est lamentable qu'on soit contraint de faire du chantage pour obtenir satisfaction", enchaînait-il. Selon lui, le casier C n'offre aucune sécurité.

Le problème du tri sélectif a été aussi évoqué. Il existe encore des communes qui ne procèdent pas au tri sélectif et qui viennent décharger leurs ordures au CSDU de Lourdes. Christian Agius exige que le 15 février prochain, jour de la réunion de la CLIS, toutes les communes (88) qui utilisent le CSDU soient au tri sélectif. "Ceux qui ne seront pas au tri sélectif ne doivent pas venir au CSDU de Lourdes", a-t-il déclaré. Pour lui, c'est grâce aux odeurs (nauséabondes) qu'il y a une prise de conscience des populations.

Il a été également fait mention du nombre de navettes. Le cahier des charges prévoit 15 camions par jour. En réalité, ils seraient beaucoup plus nombreux (une quarantaine ?). "Par qui sont-ils contrôlés ?" s'interroge le public. "On demande des gens indépendants, on veut l'embauche de personnes qui contrôlent, qu'un portail radio-actif soit mis à l'entrée".

En conclusion, il était demandé que soient appliquées les mesures suivantes :

• Positionnement du portique de contrôle radioactif à l’entrée du site Réalisation d’un casier efficace
• Contrôle des lixiviats par l’installation de piézomètres
• Traitement de tous les lixiviats par la station d’épuration
• Contrôle des horaires, du tonnage et du contenu des camions par une surveillance indépendante
• Analyses accrues et spécifiques des eaux de captage situées aux environs de la décharge et destinées à la consommation.
• Fossé de détournement des eaux propres et recueillement dans un réservoir pour lutte contre les incendies. Analyse avant le rejet dans le milieu naturel.
• Classement de l’installation à la norme ISO14001.

Prendre connaissance du dossier présenté au cours de cette soirée du 20 décembre 2005 en mairie de Poueferré en cliquant ici....(612 ko;.pdf)

En bref...

Alain Caperet, adjoint au maire de Montaut : "Si le site du CSDU est bien exploité, je pense que ça peut fonctionner. (...) On se bat contre un mur (...) Peut-être que les actions judiciaires en cours leur feront respecter le cahier des charges"

Une personne dans la salle dont la sœur est une élue lourdaise : "Les politiques se foutent de notre gueule éperdument (...) Nous respectons la loi, qu'ils la respectent eux aussi. C'est valable pour nos élus, qu'ils se bougent !"

Soutien : En réponse à une question de l'assistance, le président Christian Laguës a répondu que les maires et les conseils municipaux de Poueyferré et Peyrouse soutenaient le combat des deux associations.

Constat : peu de camions qui viennent décharger au CSDU repartent lavés comme l'exige le cahier des charges. S'ils le font, c'est avec l'eau de la commune de Poueyferré. Et comme il n'est pas question de priver les habitants d'eau potable...

Eau potable : Christian Schu, connu pour avoir mené des combats à Agos-Vidalos et dans les Hautes-Pyrénées, a invité les habitants de Poueyferré à demander à la mairie d'effectuer des contrôles réguliers sur la qualité de l'eau potable, car elle pourrait contenir certains produits nocifs pour la santé.