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Exposition sur la libération de Lourdes au palais des congrès

jeudi 21 août 2014 par Rédaction

Mardi en fin d’après-midi, a été inaugurée, au palais des congrès, l’exposition « Résistance et Maquis en Bigorre » organisée par l’Association des anciens combattants de la Résistance représentée par son président départemental Daniel Larregola à l’occasion du 70e anniversaire de la libération de Lourdes . Cette exposition, ouverte jusqu’au 24 août, entend rendre hommage aux résistants des Hautes-Pyrénées et plus particulier de Lourdes. Elle présente de très nombreux documents, photos et coupures de presse de l’époque.

Madeleine Navarro, adjointe au maire chargée des anciens combattants, entourée de plusieurs élus, a prononcé un discours retraçant les années de résistance dans notre département et à Lourdes.

Le discours de Madeline Navarro,
adjointe au maire, en charge des anciens combattants

Bonjour à tous, d’abord je voudrais excuser Mme le Maire, retenue par ses obligations, je salue cordialement et remercie pour leur présence les élus, les présidents des associations patriotiques et toutes les personnes qui se sont déplacées pour ce vernissage.

Je remercie Monsieur Daniel Larregola président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) et les membres de son association qui nous ont proposé cette exposition.

Je remercie Monsieur Louis Cazalas du Comité Lourdais du Souvenir Français, Monsieur Thierry Lapalu de l’association des Véhicules historiques Pyrénées Gascogne, Monsieur Claude Ynglada de L’association « Les Vieux volants Pyrénéens », le responsable du protocole et du Palais des congrès Claude Ujol qui s’est aussi démené pour parfaire cette expo et Véronique Laffont du Service des Anciens Combattants.

Cette exposition et les cérémonies qui vont suivre se veulent un hommage aux résistants des Hautes-Pyrénées et plus particulièrement de Lourdes.

Résistance individuelle et résistance collective : les Hautes-Pyrénées ont été un haut lieu de l’opposition à l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale.

Le premier acte de résistance du département appartient à Gaston Manent, l’un des 80 parlementaires à voter contre les pleins pouvoirs accordés à Philippe Pétain, le 10 juillet 1940.

Dans les Hautes-Pyrénées, des mouvements de résistance apparaissent dès 1941 : le mouvement « Combat » basé à Lourdes et commandé par Célestin Romain qui forme une armée secrète (corps-franc Puyau). On ne recense pas moins de 6 réseaux basés à Lourdes. Ces réseaux avaient pour but d’effectuer des passages à travers la frontière espagnole pour permettre aux pilotes et autres personnes menacés de s’enfuir sans être pris. Une aide précieuse fut aussi fournie par le directeur de l’Hôpital de Lourdes, Marcel Billières qui autorisa les résistants à amener les personnes menacées dans certaines salles à l’écart appelées salle des Contagieux, afin d’éviter que les nazis ne les découvrent et à utiliser les locaux de l’hôpital comme entrepôts pour leur matériel.

Mais l’armée joue elle aussi un rôle important dans le département, puisque après la dissolution de tous les régiments dans la région, à Tarbes, le Capitaine André Pommiès crée des commandos militaires en vue d’une mobilisation. En 1943, le corps-franc Pommiès passe à l’action en réalisant des sabotages. Fin 1943 ces réseaux sont dirigés à Lourdes par le Colonel Teyssier d’Orfeuil assisté du Colonel Bernard. Son rôle était de diriger des jeunes volontaires vers l’Espagne puis l’Algérie dans le but de servir l’armée d’Afrique.

Les maquis se développent à partir de 1943 afin de recevoir les réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire). Le premier d’entre eux est le groupe Bernard à Bagnères de Bigorre. Il faut mentionner également le maquis de Nistos-Esparros et le maquis Jeannot des FTPF.

Les groupes et les maquis sont à peine armés et sous-équipés. Les services britanniques se chargent, par le biais des parachutages, de remédier à cette carence. Ainsi, sur 40 colis parachutés dans les Hautes-Pyrénées, la moitié est destinée à équiper les réseaux affiliés à la Grande-Bretagne et l’autre moitié est partagée par tous les autres maquis et réseaux. Les parachutages d’armement augmentent avec le débarquement, puisque avant cette date, les actions de guérillas sont limitées.

Les sabotages se multiplient entre 1942 et 1944. Le sabotage le plus célèbre du département reste celui de l’usine Hispano (fabricant des moteurs pour l’aviation allemande) par le groupe Valentin. Ce sabotage évite à Tarbes un bombardement allié et les éventuelles pertes civiles liées.

Avec le débarquement du 6 juin 1944, la Résistance sort de l’ombre et affronte l’occupant. Au moins de juin 1944, le corps-franc Pommiès tend des embuscades afin de ralentir les mouvements des troupes de renfort sur le front Atlantique.

Mais de juin à août 1944, des groupes antiterroristes allemands s’organisent pour contrer ces actes de résistance. Tarbes est bombardée (rue Ferrère et rue Lordat), le maire Maurice Trélut proteste : il est déporté.

La division Dass Reich est chargée d’« opérations de nettoyage » dans le département. Les maquis sont harcelés et les Allemands menacent les populations civiles en représailles (comme le 11 juin 1944 à Bagnères). Le 14 juin, la Résistance réussit pourtant à tendre une embuscade à Capvern.

Les maquis se cachent et les attaques continuent : Tilhouse, Avezac, Payolle... L’expédition des Allemands au maquis de Sombrun, le 15 juillet 1944, est tristement célèbre puisqu’elle est due à une trahison.

Après le débarquement de Provence, le 15 août 1944, les troupes allemandes sont prises dans un étau dans le Sud-Ouest : l’ordre de repli est donné.

La reddition du commandement allemand de Lourdes se fait sans heurt ni combat, le 19 août après d’âpres négociations. En revanche, la Résistance livre des combats pour libérer Tarbes, le 24 août.

Les unités allemandes se replient ; elles sont poursuivies par des unités régulières composés de résistants. La colonne Soulé, qui regroupe des maquisards, livre des combats jusqu’en septembre, tandis que le corps-franc Pommiès rejoint la 1ère Armée du maréchal de Lattre de Tassigny. 700 à 800 hommes des Forces Françaises Libres, issus des groupes Pierre, Jeannot, Puyau, Murray, ... signent un contrat d’engagement pour la durée de la guerre. Ils intègrent à Tarbes le 1er Régiment de Bigorre, commandé par le lieutenant-colonel Faulconnier et combattent en avril 1945 dans le secteur de Royan.

Dans les Hautes-Pyrénées, 190 résistants sont morts au combat ou ont été fusillés. 78 civils ont été victimes de représailles. 749 personnes ont été déportées dont 514 ne sont pas rentrées.

Parmi les résistants lourdais morts au combat nous citerons René Courtade, Jean Vallès, Jean Menvielle.

Ils sont morts après la libération de Lourdes, sans avoir connu la liesse populaire et les festivités qui l’accompagnèrent, alors qu’ils furent les principaux acteurs de l’affranchissement du joug nazi. En effet après la libération de Lourdes, ils ont poursuivi les Allemands jusqu’à Jonzac près de Bordeaux et ont été tués pendant les combats le 2 septembre 1944. On a attendu le retour de leurs corps et leurs obsèques pour fêter la libération de notre ville.

Cette exposition réalisée à l’occasion du 70ème anniversaire de la libération de Lourdes, au Palais des Congrès, leur rend aussi hommage.

Les trois résistants lourdais faisaient partie du fameux groupe « Honoré Auzon ». Aujourd’hui célèbre grâce à l’école qui porte son nom, le valeureux instituteur, « capitaine Léon » de son pseudonyme de guerre, avait remplacé à la tête du groupe de résistance son frère d’arme Célestin Romain, déporté et exécuté par les nazis au camp de Mauthusen, en Allemagne.

Entre-temps, d’autres résistants originaires de Lourdes et qui ont aussi combattu ailleurs sont rentrés comme Marcel Laborde, rescapé des combattants volontaires de la Résistance rentré à Lourdes, le 19 août 1944, pour voir sa famille, ignorant que sa ville venait d’être libérée.

Vous aurez bien compris aussi que ne pouvions citer ici de façon exhaustive tous les réseaux et tous les noms des résistants lourdais mais que chacun sache qu’ils nous tiennent tous à cœur, des plus connus à tous les anonymes et que les Lourdais d’hier, d’aujourd’hui et de demain sont fiers d’eux et plein de reconnaissance.

Fils de guérillo, Daniel Larregola remercia la ville de Lourdes d’avoir accepté cette exposition présentée pour la première fois lors de la visite à Lannemezan du secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, le 12 juillet dernier. Et comme il est aussi un excellent chanteur, il interpréta le chant des Partisans et La Marseillaise.