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Interview avec Emilie Auburgan, présidente de l’association des saisonniers de Lourdes et des Vallées

mercredi 28 septembre 2022 par Rédaction

Les saisonniers oubliés lors de la dernière visite du Ministre du Travail à Lourdes !!!

Ayant été informés que les saisonniers lourdais avaient été carrément ignorés lors de la visite d’Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, le 9 septembre dernier, à l’agence Pôle Emploi de Lourdes, alors qu’ils sont signataires du Plan Avenir Lourdes, nous avons fait le point de leur situation professionnelle avec Emilie Auburgan, présidente de l’association des saisonniers de Lourdes et des vallées.


Lourdes-Infos : Rappelez-nous l’origine de votre association 


Emilie Auburgan : À la base, cette association était un collectif monté en 2020, année de la COVID, avec pour but des revendications afin d’avoir un statut durant l’année blanche. Nous sommes passés en association, ce qui nous permettait de recevoir des dons et des subventions, et de maintenir un comptoir alimentaire pour pallier certaines difficultés des saisonniers à cette époque-là.


Lourdes-Infos : Au départ combien de saisonniers sont restés sur le carreau ?


Emilie Auburgan : Pratiquement tous les saisonniers sont restés sur le carreau.On n’a pas travaillé ou très peu travaillé en 2020. Certains d’entre nous ont peut-être travaillé 2,3 mois, ce qui fait qu’on a épuisé nos droits au chômage. Certains sont tombés dans le RSA.


Lourdes-Infos : À partir de ce moment-là, quelles ont été les démarches que vous avez entreprises ?


Emilie Auburgan : Nous avons eu plusieurs réunions avec la préfecture, les socioprofessionnels, certains élus, certains ministres pour essayer d’obtenir un statut, une meilleure convention collective. On a écrit des courriers, on a fait des manifestations, en février nous avons fait une journée de la saison morte. Nous avons également fait des intersyndicales. 


Lourdes-Infos : Concrètement qu’avez-vous obtenu ?


Emilie Auburgan : Aujourd’hui rien du tout ! Nous n’avons toujours pas de statut, pas de convention collective. On sait que certains employeurs ont augmenté les salaires, et ça il faut le reconnaître. Mais ce n’est pas suite à une grille salariale, c’est parce que, eux, ils l’ont voulu pour ne pas perdre le peu de saisonniers qui reste. Il n’y a rien de concret pour nous aujourd’hui. Demain, s’il y a encore une pandémie, eh bien on est rien ! 


Lourdes-Infos : Quid de l’association aujourd’hui ?


Emilie Auburgan : L’association n’est pas fermée. Nous avons fermé la partie “comptoir alimentaire” parce qu’au mois d’avril, il restait 4 bénéficiaires dont deux qui partent en retraite et un qui a retrouvé un emploi le mois d’après.



Lourdes-Infos : Est-ce que cela suppose que les 2500 saisonniers initialement au chômage ont retrouvé du travail ?


Emilie Auburgan : Pas mal ont changé d’orientation. Ils ont trouvé un emploi à l’année. On sait que certains sont partis faire la saison à la montagne, notamment à Cauterets. En fait, ils ont des CDI puisqu’ ils ont la double saison (été et hiver). Ils ont les congés pendant la période creuse. C’est ce qui leur permet d’avoir des CDI. Certains sont repartis en saison, ayant encore des droits, d’autres sont repartis à l’étranger, certains sont même partis travailler en Suisse.


Lourdes-Infos : Dernièrement, le 9 septembre précisément, le ministre du Travail Olivier Dussopt est venu à Lourdes, et là vous avez des choses à dire !


Emilie Auburgan : Lors de la visite du ministre du Travail, on a été d’abord surpris qu’il vienne, nous n’étions pas au courant. On a reçu des messages de certaines personnes nous demandant pourquoi nous n’étions pas présents . En fait, nous n’y étions pas parce que nous n’étions pas tout simplement invités. Or il venait pour parler de l’emploi et des saisonniers. Tout le monde était là sauf nous ! On ne trouve pas cela normal, on ne comprend pas pourquoi. Surtout qu’il me semble que pendant son interview, il parle que les saisonniers doivent faire une activité complémentaire. Le problème c’est pas de faire une activité complémentaire, c’est ce qu’il entend par activité complémentaire. Pour moi c’est une solution théorique. C’est comme quand on rend une copie qu’on nous répond manque de rigueur. Pour moi, il manque de rigueur dans sa proposition. 


Lourdes-Infos : Pour les saisonniers lourdais, c’est difficile une double saison ?


Emilie Auburgan : C’est difficile de conjuguer saison d’été et saison d’hiver. La saison d’hiver commence au mois de décembre, se poursuit jusqu’en avril/mai. À Lourdes, la saison commence à peu près à la période des Rameaux. Personnellement, j’ai déjà commencé une saison au mois de mars. Donc, on ne peut pas cumuler les deux saisons. Surtout à 42 heures, voire 50/60 heures quand il y a pénurie de main d’œuvre, c’est assez compliqué. 


Lourdes-Infos : D’après vos renseignements, aujourd’hui comment cela se passe-t-il ? 


Emilie Auburgan : Je ne suis plus dans l’hôtellerie mais j’ai encore des échos. S’agissant des conditions de travail, c’est comme partout il y a des bons et des mauvais d’employeurs, des bons saisonniers comme des mauvais. On sait que certains employés sont partis au bout de deux heures de travail, nous on trouve que ce n’est pas normal. D’un autre côté, on sait que certains employés font énormément d’heures qui ne sont pas forcément payées ou récupérées. Ce n’est pas normal non plus. Ce serait bien de trouver un équilibre. On peut comprendre qu’en cette période de manque de main d’œuvre, il faut faire des heures supplémentaires. Mais il faut qu’elles soient rattrapées ou payées. Ça serait bien qu’elles soient payées parce que ça permettrait aussi de survivre un peu mieux l’hiver. Nous, l’abondance on ne l’a pas connue. 


Lourdes-Infos : Pour terminer, nous rappelons que l’association des saisonniers a été signataire du Plan Avenir Lourdes. On vous a oubliés, vous devez avoir de la rancœur ?


Emilie Auburgan : Effectivement, on a signé le PAL. À partir de cette signature, on a l’impression qu’on a été un peu mis de côté. Là où on est vraiment frustrés, c’est qu’un ministre du Travail vient, il fait 900 km, il rencontre tout le monde (socio pro, élus, Pôle emploi), Il parle de l’Emploi et des saisonniers. Et nous, on n’y est pas ! 


Propos recueillis par Gérard Merriot