Journée du 25 juin de la bande "Eco-Prim" 49-54

Rencontre annuelle des anciens de l’école Honoré Auzon (1949-1954)

Ce Mercredi 25 juin nous nous retrouvons cette année encore dans cette cour de l’école emplie des souvenirs de cette période de l’enfance très enrichissante.

Merci donc à chacun de vous d’être là.

Evidemment nous avons tous une chaleureuse et affectueuse pensée pour Jean-Claude Bacarisse qui vient de nous quitter. Nous nous étions retrouvés en 2007 comme des photos en témoignent. Il avait amené son mémorable béret et ses propos sur Lafitole où il repose aujourd’hui. Il éprouvait lui aussi cette forte amitié qui nous anime et fonde nos rencontres. Hélas la maladie l’avait empêché de profiter pleinement de ces moments. Nous nous appelions au téléphone et j’ai toujours été touché par sa grande sensibilité. Il manquera et nous lui disons à la prochaine retrouvaille sur l’autre rive évoquée par W. Blake et que j’aime citer.

L’amitié est notre lien et, évidemment, ce sentiment est récurrent dans mes propos. Loulou Pena et Bernadette l’ont, eux aussi, ressenti et m’ont rappelé le "Sonnet à Victor Hugo" d’Alfred de Musset. Comme ces célébrités de la littérature française, on est ami, on peut s’oublier, voire se fâcher, puis se retrouver. Le lien est toujours là et "hier c’est demain".

Devant l’ancien instituteur de cette école Jeannot Lardit qui a dû y faire réciter des poèmes, je me permets de lire ce sonnet comme à l’époque avec Mme Sivade, M. Bives ou M. Juston :

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

Je crois que lorsqu’il enseignait et était dans cette cour, Jeannot n’aurait jamais imaginé un tel comportement d’un copain de l’école primaire de 71 ans.

Tout cela est suscité par l’élan que procure l’amitié et certainement participe à la quête de bonheur qui nous anime tous.

Ah, le bonheur ! Cette année il y avait d’ailleurs un sujet sur ce thème au bac. Dans cette modeste intervention c’est l’amitié base de bonheur que je veux évoquer et bien des penseurs comme Aristote, Epicure, Montaigne et bien d’autres, l’ont affirmé. Une citation d’Aristote connue est d’ailleurs : "Personne ne choisirait de vivre sans amis, eût-il tous les autres biens".

Plus récemment, Frédéric Lenoir a repris ce thème dans son livre "Du bonheur – Un voyage philosophique" et il a écrit notamment : "Les études sociologiques contemporaines montrent cependant que l’amour, l’amitié, le lien affectif constituent un des principaux piliers du bonheur...".

Oui l’amitié principal pilier du bonheur. Enfin je reprends la réflexion de Christophe André, médecin psychiatre à l’hôpital Sainte Anne à Paris que je dois apprécier d’autant plus dans ses écrits car il est de Bordeaux et surtout ancien joueur de rugby. Il vient d’éditer le livre "Et n’oublie pas d’être heureux, Abécédaire de la psychologie positive" où il définit le mot "Amis" ainsi :

"Toutes les études le disent : avoir des amis, les voir, pour rire, agir, se consoler, se distraire, représente l’un des ingrédients du bonheur. "Des amis en toute saison, sans lesquels je ne peux pas vivre", écrit Apollinaire. En psychologie on parle de lien social, qui comprend amis, famille, camarades, connaissances, voisinage, bref tous les humains avec qui on entretient des liens, plus ou moins harmonieux et bienveillants, et que l’on perçoit comme des sources d’émotion agréable (qui vont du sourire d’un passant aux paroles réconfortantes d’une amie d’enfance). Pour ma part, j’ai beaucoup d’amis, de personnes proches de moi, dont je sais qu’elles m’aiment et que je les aime, dont je sais que nous sommes prêts à nous porter promptement secours mutuel en cas de besoin. Mais je ne les vois pas souvent, pas aussi souvent que je le voudrais. Parce qu’ils habitent au loin, parce que nous sommes très occupés, parce que je suis un solitaire ; un solitaire sociable, mais un solitaire. Mais savoir qu’ils existent me réchauffe le cœur. Me procure du bonheur."

Dans notre groupe savoir que chacun de nous existe réchauffe le cœur des autres et leur procure du bonheur.

Et maintenant continuons notre journée dans la bonne humeur que l’on dit être "l’âme du bonheur,..."

Robert Cassou